- Essaimage de la SCIC EnR Pays de Rance en Charente Limousine le 08/01/2021
- Qui : Emily Duthion, développement de projet et co gérante de la SCIC EnR et Michel Boissel, agriculteur planteur sociétaire
- Comment ?
Utiliser l’expérience de la SCIC EnR pour d’autres territoires. La SCIC EnR Pays de Rance est reconnue d’intérêt général et collectif, et elle se doit, dans ses développements, de faire avancer les autres territoires, plus vite, grâce à ses 14 ans d’expériences (2 ans de préfiguration et 12 ans expériences), échecs et succès inclus.
Création, diversification, développement, limites, tout a été passé au crible, au regard des opportunités du territoire de Charente Limousine
- Public : agriculteurs.trices du CIVAM (fiche ci-dessous), intéressés pour valoriser leur bocage
- Constat : un territoire riche de bois (petits parcellaires, pas de remembrement, chênes centenaires tous les 10 mètres), mais quasi pas de débouchés, sauf celui de l’utilisation des copeaux de bois (émondes des entretiens des haies, broyées pour de la litière animale, en substitution de la paille, lorsque son coût devient élevé)
- Résultat : 1 plan d’actions pour 2021, des agriculteurs motivés et la SCIC EnR en tant que tutrice de leur action ! En plus, leur besoin d’expertise sur la litière, va nous faire également avancer chez nous !
- Lien : https://www.facebook.com/CivamCharenteLimousine
- Fiche de la formation
RETOUR ÉCRIT DE MICHEL BOISSEL – AGRICULTEUR SOCIÉTAIRE CO FORMATEUR
ÉCHANGES D’expériences
Emily et moi sommes allées à Esse (à 20 km de Limoges) en Charente Limousine, afin de témoigner sur la mise en place de la filière bois et de la multifonctionnalité du Bocage. A notre arrivée, nous avons constaté une très forte présence de haie. J’ai interrogé Gaëlle (animatrice du CIVAM) sur le type d’élevage et de culture pratiqués par les agriculteurs que nous devions rencontrer. L’objectif était de recentrer nos interventions au plus près de leurs attentes.
C’est un milieu d’élevage intensif bovin viande et mouton. Très peu de cultures car les sols sont peu profonds, sableux sur socle granitique. Les rendements, que ce soit céréales, maïs et tournesol sont très faibles et surtout très variable en fonction du risque de sécheresse.
La disponibilité en bois est importante et parallèlement il y a un déficit de paille pour faire les litières sous les animaux.
L’axe principal de maintien du revenu des exploitations se résume à la maîtrise des charges, d’où l’idée de remplacer la paille achetée et venue de loin par des copeaux de bois produits localement. Il faut se doter des moyens matériels et de l’organisation nécessaire.
Emily a expliqué d’une manière très approfondie la démarche de mise en place de la SCIC EnR. Depuis la décision du conseil de développement du Pays de Dinan en 2005 de créer une filière bois, en passant par la création de la SCIC en 2008, la diversification des activités en 2010 et ensuite jusqu’en 2020.
Il y a besoin d’un tel travail de sensibilisation pour faire changer les mentalités puis les pratiques que sans l’appui de fonds publics du conseil général et du Pays de Dinan, le projet n’aurait pu aboutir. Il a aussi fallu beaucoup de conviction et d’énergie de la part des porteurs de projet.
La première étape pour réaliser leur projet sera de faire des PGDH (plans de gestion des haies), ce qui leur permettra de savoir si la ressource suffira pour le paillage des animaux dans toutes les exploitations et ce dont ils disposent dans l’ensemble pour alimenter d’éventuelles chaufferies bois. Il leur faut aussi des broyeurs adaptés et donc des partenaires et élargir le cercle d’agriculteurs intéressés pour que de tels investissements puissent se réaliser.
Ils envisagent de se tourner vers les élus pour obtenir des financements, vers les médias pour relayer leur projet plus largement.
Ils nous demandent aussi une expertise pour les chênes qui souffrent des sécheresses successives. Ils font des essais avec des essences qui viennent plus du sud. Nous avons abordé les différents rôles du bocage, impact sur la biodiversité et plus précisément sur les auxiliaires de culture et le bien-être animal, abri, ombre pour les herbivores, bilan carbone.
L’érosion avec la forte présence de prairies naturelles et la densité du bocage n’est pas leur problème. Seulement, quelques jours après de très forte pluie, l’eau de l’Issoire (rivière locale) était d’une limpidité à faire rêver tous les riverains de la Rance et de l’Arguenon.
Au cours de leurs démarches, ils restent demandeurs d’un tuilage de notre part.
L’aboutissement de ce projet est important pour la rentabilité des exploitations mais aussi pour ce territoire qui est en déprise qui cherche des diversifications et à développer le tourisme.
Comme un air d’été indien à YVIGNAC LA TOUR.